19 novembre 2005

Chapitre 1 - My Name IS...

À l'époque où j'écris ces lignes, j'ai pris du recul par rapport à ce que j'ai vécu entre juin 2003, et Mars 2005. Né à Casablanca, Fils de famille bourgeoise en apparence, mais traditionnelle réellement, j'ai eu la chance de continuer à faire mes études en France une fois le Bac en poche.

J'ai toujours été passionné par l'informatique. Mon premier ordinateur était un Commodore 64.
Comme tous les enfants privilégiés de mon age de l'époque, je m'amusais à jouer en branchant mon ordinateur sur la Télévision, mais ce que peu de garçons de mon age faisaient à l'époque, c'est programmer en basic. J'étais tombé par hasard sur une revue d'informatique dans laquelle figuraient quelques centaines de lignes de code, et je m'amusais à programmer mes jeux “basiques” comme le mastermind, le pendu etc... A l'époque, je n'avais pas plus de 7 ans ! Quelques années plus tard, mes parents sont revenus de la Mecque les bras chargés de cadeaux, dont un cadeau très spécial, le dernier MSX ou Sakhr, fonctionnant avec des cartouches et des cassettes à bande. J'étais aux anges de recevoir cet ordinateur intégré dans un clavier et se branchant directement sur la télévision.
Tandis que les autres parents offraient à leurs enfants Atari, les miens avaient choisi une meilleure technologie, et surtout un ordinateur qui ne va pas me transformer en accro des jeux vidéo. J'ai un jour été impressionné en remarquant sur un film, à quelle vitesse la secrétaire tapait sur son clavier de machine à écrire. Je rêvais de devenir comme elle, alors je me suis mis à la frappe. Je tapais mes cours de 5ème sur un éditeur à fond bleu, pendant les vacances, puis à la fin de chaque chapitre, je le sauvegardais sur une cassette dédiée aux cours. Minutieusement, je marquais ce qu'indiquait le compteur lorsque l'enregistrement était terminé, puis le nom du cours associé, de manière à retrouver rapidement le cours que je voulais.

Cet ordinateur m'avais aussi permis de sociabiliser aussi peut soit-il avec certains de mes voisins.
Les mercredis après midi, j'avais le droit d'inviter des amis à venir jouer avec moi à "Nemesis", j'en profitais pour leur montrer mes prouesses de pilote d'avion. Chaque fois que je tenais la manette de jeux, je la conservais plus que tout le monde, et j'étais content de leur montrer jusqu'où je pouvais aller sans faire “Game Over”. Et si je n'aimais pas traîner avec eux au bas d'un des immeubles les plus grands du quartier belvédère de Casablanca, c'est bien pour une raison... Conserver ce privilège, cette compétence inédite.

En Seconde, j'ai eu droit à mon premier ordinateur équipé de Windows un nouvel animal est né ... la souris. Cette dernière apportait un aspect ludique pour appréhender cette nouvelle technologie. J'ai pu découvrir quelles étaient les possibilités offertes par l'informatique. Outre les outils de traitement de texte conventionnels, il était possible de faire des calculs du dessin, de jouer aux cartes, de voir des images, ou explorer le contenu de l'ordinateur. Mon outil préféré était le winfile ou explorateur de fichiers, qui me permettait de naviguer quasiment de manière transparente parmis l'arborescence des fichiers. Cela dit, mon père se rendait compte que cette nouvelle machine me prenait beaucoup de mon temps. Il confisquait le clavier pendant la semaine et me le rendait les week-ends et pendant la première semaine des vacances. Entre nous, j'avais trouvé le moyen de faire fonctionner ma machine sans clavier, et je jouais au Solitaire en cachette.

Depuis la seconde, et jusqu'au bac, j'étais un collectionneur de CDs PC Team. Un commerçant à Derb Ghallef (Marché aux puces de Casablanca) vendait séparément les CDs offerts dans le magazine spécialisé en informatique. Je voulais tous les avoir, à l'époque ils coûtaient 10dhs. Tout mon argent de poche y passait, et mon excitation était grande lorsque je découvrais un logiciel inédit qui permettait de bidouiller son ordinateur, d'écouter de la musique ou d'enregistrer des mouvements de souris. L'ère du piratage de CD n’avait pas encore commencé, les graveurs étaient encore très chers. Lorsque je pouvais me le permettre, j'achetais le dernier jeu de voitures, The Need For Speed et je m'évadais au volant de ma Dodge Viper bleue, dans les paysages de rêve californiens. L'année du Bac, j'étais accro d'un jeu de stratégie qui ne me laissait pas travailler. Red Alert mettait en scène la guerre entre les alliés et les communistes, j'avais trouvé le moyen de booster technologiquement mes unités de combat en modifiant certains fichiers de configuration. Les bobines de tesla, arme fatale et destructrice des communistes ajoutaient dorénavant de l'électricité au lieu d'en supprimer. J'avais même réussi à créer une super unité, un commando qui avait comme arme principale, le rayon électrocutant d'une puissance équivalente à plusieurs milliers de volts de ces bobines. C'était jouissif de pouvoir changer les règles ! Ce jeu a failli me faire rater mon année car à 15 jours du début des épreuves, je courrais encore le risque d'y jouer en cachette.

Une fois le bac en poche, j'étais fin prêt à quitter mon cocon familial vers un nouvel "eldorado", la France !


Paris, 1998
J'ai débarqué à La Maison du Maroc, en cité universitaire, dans le 14ème. J'étais en collocation avec un marocain de 26 ans qui préparait sa thèse et donc, qui avait un ordinateur chez lui ! Gentiment, j'ai obtenu l'autorisation de l'utiliser. Mais vu notre différence d'âge et de mentalité, les choses n'allaient pas être gentilles très longtemps ... très vite, des tensions étaient présentes. Tensions dues principalement à mon manque d'organisation de l'époque, surtout par rapport au fait que j'ai toujours été habitué à être servi, et j'ai mis beaucoup de temps à m'adapter à la vie de débrouillard, ou de Hadeg comme on dit. Plus tard, j'ai pu changer de logement pour aller m'installer dans le 13ème. J'avais réussi à garder le contact avec un ami, venu aussi à Paris faire ses études d'ingénieurs, Mehdi L. très tôt, j'ai reçu une lettre très chaleureuse venant de lui et notre correspondance a commencé.

Pendant ces 3 ans vécus à Paris, je m'étais fais 3 amis, tous issus de mon lycée à casablanca. J'étais en classes préparatoires intégrées dans une école d'ingénieurs privée que j'ai haï au bout de la 2ème année. Le déclic qui m'a convaincu de changer de ville s'est produit à Chambéry. Avec Mehdi, on avait décidé d'aller visiter un très bon ami avec lequel on avait gardé contact, Omar M. Arrivés chez lui, je me suis tout de suite rendu compte de la chaleur des personnes qu'ils fréquentaient, comment il était perçu et apprécié. Il avait du monde chez lui en permanence. Une ambiance vraiment conviviale. J'ai enfin pu me rendre compte que Paris n’était pas la province et qu'il fait bon vivre en Province. De plus, je n'aimais pas vraiment ce que je faisais dans cette école qui m'aurait permis de devenir ingénieur généraliste. Mon truc, c'était vraiment l'informatique. Cette passion s'est très tôt réveillée en moi. Pendant mon temps libre, j'ai appris à faire des sites Internet et des animations.

J'avais même créé un site sur Internet qui m'avait à l'époque rapporté près de 3000 francs juste grâce à la pub que j'y mettais ! C'était à la fois valorisant et gratifiant d'avoir pu profiter de cette
reconnaissance “Internet”.

En 2001, j'ai eu l'opportunité d'aller continuer mes études à Tours.